Opel Mokka GSE : ce SUV électrique veut tuer la GTI, et il a des arguments
Le portrait agité du Mokka GSe
Voici donc le nouveau Mokka GSe. Et disons-le tout de suite : Opel n’a pas cherché à faire discret. Le constructeur allemand, qui autrefois produisait des voitures aussi grisâtres qu’un ciel de novembre à Düsseldorf, a décidé de frapper un grand coup. En habillant son SUV urbain d’un jaune électrique tapageur, en ajoutant des jantes façon ninja étoilé et en posant l’étiquette « GSe » comme une promesse d’adrénaline, Opel crie au monde entier : « Regardez-moi, j’ai des watts dans les pneus ! »
Sous cette allure bodybuildée se cache pourtant une silhouette bien connue. Car oui, ce Mokka n’a rien de fondamentalement nouveau en apparence. Mais en empruntant les codes visuels d’un modèle sportif (sans jamais vraiment franchir le Rubicon), Opel cherche à secouer l’image vieillotte du SUV de papa. Le bouclier avant est retravaillé pour plus d’agressivité, les inserts noirs renforcent le contraste, et les lignes anguleuses tentent de convaincre qu’on a affaire à un engin affûté.
Objectif ? Séduire ceux qui aiment le style d’une GTI sans vouloir se pencher pour monter dedans, ni subir les vibrations d’un trois-cylindres énervé. Le Mokka GSe veut être la Peugeot 208 GTI… mais sur échasses. Une sorte de compromis entre raison électrique et passion bridée.
Sous le capot : cœur électrique et sensations
Et sous cette carrosserie taquine ? Un moteur électrique de 156 chevaux, soit exactement la même cavalerie que les dernières versions de la Peugeot e-208 ou de la Jeep Avenger. Ce n’est pas un monstre de puissance, mais c’est suffisant pour catapulter le Mokka GSe de 0 à 100 km/h en 9,1 secondes. Bon, sur le papier, c’est à peine plus rapide qu’un cycliste dopé au Mont Ventoux… mais sur route urbaine, ça fait son effet.
Là où Opel joue une partition plus fine, c’est dans l’ajustement du châssis. Les ingénieurs ont revu la suspension, raffermi les réglages, et modifié la direction pour un ressenti plus direct. Ce n’est pas une Tesla Plaid, entendons-nous bien. Mais le Mokka GSe parvient à transmettre une sensation de dynamisme, surtout en mode Sport, où l’accélérateur devient aussi sensible qu’un allergique au pollen.
Côté batterie, on reste sur du classique : 54 kWh, pour une autonomie annoncée de 406 km. En vrai, comptez plutôt 320 km en usage mixte, surtout si vous avez le pied droit aussi discret qu’un joueur de cornemuse. La recharge, quant à elle, plafonne à 100 kW, ce qui signifie 26 minutes pour atteindre 80 % sur une borne rapide. Rien d’extraordinaire, mais rien de rédhibitoire non plus.
À bord : quand l’électrique devient vif
Une fois installé à bord, on se demande si Opel n’a pas eu un coup de mou. Parce que l’habitacle du Mokka GSe, c’est un peu comme un bon plat sans sel. Techniquement, tout y est : sièges sport avec surpiqûres contrastées, pédalier alu, inserts noirs brillants et un logo GSe pour rappeler qu’on est censé être dans une voiture qui « envoie ».
Mais une fois l’effet de nouveauté dissipé, le tableau de bord donne le sentiment d’un copier-coller depuis les autres modèles Stellantis. Et c’est exactement ce que c’est. Deux écrans (10 et 12 pouces), un système de navigation correct mais pas révolutionnaire, une ergonomie propre mais sans audace. L’ensemble manque cruellement de personnalité.
Le confort est bien là, certes, mais l’ambiance reste trop sérieuse pour un véhicule qui prétend vous offrir des sensations. Le Mokka GSe, en voulant être pour tous, oublie parfois d’être pour quelqu’un en particulier. On aurait aimé plus d’exubérance, une touche de folie, un soupçon de mauvais goût assumé… au lieu de quoi, on obtient un SUV bien élevé qui ne fait pas de vagues.
Le silence de fonctionnement, lui, est impeccable. À tel point qu’on entend distinctement la radio, la respiration du passager… et parfois ses reproches quant au style trop tape-à-l’œil de la carrosserie. Un vrai paradoxe sur roues.
Bilan acéré : cible, atouts et faiblesses
Alors, ce Mokka GSe, faut-il l’acheter ? Il faut d’abord comprendre ce qu’il n’est pas. Il n’est pas une vraie sportive, malgré ses gros sabots et ses initiales pleines de promesses. Il n’est pas non plus un modèle révolutionnaire, puisque tout, du moteur à la plateforme, vient directement du catalogue Stellantis.
Mais il a des arguments. Il est fun à regarder, relativement agréable à conduire et se distingue dans un paysage automobile souvent fade. Il joue la carte du SUV urbain énervé sans jamais vraiment devenir incontrôlable.
Face à ses concurrents, il se positionne comme une alternative plus piquante aux Citroën ë-C4 et autres Hyundai Kona Electric, sans atteindre le niveau de performances ou de prestige d’un Volvo EX30 ou d’une MG4 XPower. Mais il propose un compromis intéressant pour ceux qui veulent un style qui claque, sans pour autant sacrifier leur dos ni leur budget recharge.
Bref, le Mokka GSe est une petite blague sérieuse, une voiture qui se rêve en bad boy mais reste au fond un élève sage qui ne grille les priorités qu’en silence.
En résumé – Ce qu’il faut retenir :
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Le Mokka GSe mise sur le style et la posture sportive, sans franchir la ligne rouge.
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Son moteur de 156 ch offre des relances convenables, mais sans effet « coup de pied au dos ».
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À l’intérieur, l’ambiance reste trop sobre pour un modèle censé susciter des émotions.
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L’autonomie et la recharge sont dans la moyenne haute du segment, sans briller.
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Un SUV électrique fun à regarder, mais qui ne secoue pas autant qu’il le prétend.
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