Essais et Comparatifs

Toyota ose l’hybride sur le Land Cruiser : évolution ou trahison mécanique ?


Modernisation et héritage revisité

Ah, le Toyota Land Cruiser. Ce monument roulant du monde automobile, cette forteresse sur roues qu’on imaginait aussi éternelle que le désert du Sahara où il s’ébroue. Et pourtant, même le roi des pistes n’a pas pu résister à l’appel de l’électrification. Mais attention, pas question de se ruer dans l’utopie du 100 % électrique. Non, Toyota préfère la diplomatie technique : un petit coup de jus, mais sans exagérer. Voilà donc notre bon vieux Land Cruiser désormais flanqué d’une hybridation légère 48 V.

Toyota Land Cruiser Hybride sur la route

©Toyota

Ce n’est pas un hasard si cette mutation survient en 2025, alors que les normes européennes étranglent sans pitié les moteurs thermiques. Officiellement, Toyota veut rendre son mastodonte plus souple, efficace et légèrement plus sobre. Officieusement ? Il s’agit surtout d’éviter de se faire lapider à coups de malus écologique, surtout en France où ce 4×4 atteindra allègrement les 70 000 € de pénalité CO₂, même dans sa version « verte ».

Mais ne soyons pas injustes. Techniquement, Toyota s’efforce de ne pas sacrifier l’âme du Land Cruiser : châssis séparé, transmission intégrale intégrale, boîte auto à huit rapports, moteur diesel 2.8 litres de 204 chevaux. Un ensemble qui respire la robustesse comme un vieux treuil HZJ fatigué mais immortel. Seulement voilà : on lui greffe désormais un motogénérateur de 48 V, censé offrir un petit boost électrique et améliorer la fluidité mécanique.

On vous voit déjà froncer les sourcils.

Technique sous le capot : révolution ou rustine ?

À l’arrière de ce changement, un petit moteur électrique de 12 kW (soit 16 chevaux pour les puristes), et 65 Nm de couple, alimenté par une batterie lithium-ion de 4,3 Ah planquée sous le plancher du coffre. À peu près l’équivalent énergétique d’un sèche-cheveux, mais tout de même suffisant pour épauler le diesel dans les phases de démarrage, de relance et pour lisser les passages de rapport. Résultat ? Un Land Cruiser qui se réveille sans tousser, qui relance avec un poil plus de vigueur et qui arrête de pomper comme une centrale thermique à chaque feu rouge.

Toyota Land Cruiser Hybride détails de carrosserie

©Toyota

L’intérêt de cette technologie, c’est aussi qu’elle reste simple, légère et discrète. Pas de câbles à recharger, pas de plug-in capricieux, juste une gestion intelligente de l’énergie récupérée en freinage, et un petit supplément d’âme pour un moteur autrement condamné à gémir sous la pression des normes.

Mais soyons honnêtes : avec 271 g/km de CO₂ annoncés et plus de 2,4 tonnes à vide, on ne parle pas ici d’un miracle écologique. C’est un cache-misère mécanique, une rustine électrique qu’on plaque pour continuer à vendre un mythe sans trop heurter les consciences environnementales.

Et pourtant, dans ce monde de SUV aseptisés et de crossovers en mousse, on ne peut s’empêcher d’avoir un petit pincement au cœur. Parce que malgré sa complexité accrue, cette version hybride est une tentative honnête de faire évoluer sans dénaturer. Une mission impossible ? Peut-être. Mais Toyota tente le coup, et rien que pour ça, chapeau.

Sur le terrain : entre performance et pragmatisme

Imaginez une piste montagneuse, un filet de poussière mordant l’air sec, et le son grave du diesel qui se mêle aux crépitements discrets d’un petit moteur électrique… Voilà le décor dans lequel Toyota espère faire briller son nouveau Land Cruiser micro-hybride. Et pour être tout à fait honnête : il s’en sort avec les honneurs.

Toyota Land Cruiser hybride sur chemin

©Toyota

Le constructeur promet que cette électrification légère ne vient en rien saboter les capacités tout-terrain légendaires du Land Cruiser. Et pour une fois, on est bien tenté de le croire. Le motogénérateur a été intelligemment placé en hauteur dans le compartiment moteur pour préserver la capacité de franchissement, qui reste inchangée à 70 cm de passage à gué. Les composants sont hermétiques à l’eau, protégés de la poussière, et les ingénieurs ont même revu la courroie de l’alterno-démarreur, avec un textile à base de coton pour éviter qu’elle ne glisse quand elle est mouillée. Oui, vraiment.

En conduite, les retours parlent d’un stop/start plus doux, de relances plus nettes, et d’un confort accru à basse vitesse, notamment dans les embouteillages ou lors de franchissements délicats. Bref, c’est moins rugueux, mais toujours aussi viril. Et franchement, quand on pèse 2,4 tonnes, c’est appréciable d’avoir un peu d’assistance discrète pour se mouvoir.

En revanche, sur les pistes comme sur la route, ce n’est pas un gain de puissance, c’est un gain d’agrément. Ceux qui s’attendent à transformer leur 4×4 en bolide vont être déçus. Mais ceux qui veulent préserver l’essence du modèle tout en adoucissant l’expérience, eux, risquent de trouver ce compromis très convaincant.

Marché européen : opportunités ou impasse ?

Et maintenant, la vraie question : ce Land Cruiser électrifié va-t-il séduire l’Europe ? La réponse tient en un mot : non. Ou, pour être un peu plus poli : difficilement.

Nouveau Land Cruiser Toyota Hybride dans le désert

©Toyota

Le souci, c’est que malgré ses efforts d’électrification, le Land Cruiser reste une machine à CO₂. Et dans un continent où le malus écologique peut faire doubler le prix d’un véhicule, c’est un handicap fatal. En France, par exemple, le malus grimpe à 70 000 €, ce qui place ce baroudeur japonais au niveau d’un Porsche Cayenne Turbo… sans les performances ni le blason.

Même Toyota ne se fait pas trop d’illusions. Le modèle sera commercialisé, mais avec une stratégie clairement orientée vers des marchés plus accueillants, où les terrains sont plus accidentés que les fiscalités. On parle ici de clients très spécifiques : passionnés, pros de l’off-road, collectionneurs ou fous de la marque.

Et pourtant, ce Land Cruiser hybride pourrait être le dernier vrai 4×4 à l’ancienne, encore produit avec sérieux. Le genre de modèle que l’on garde 25 ans, que l’on restaure et que l’on emmène autour du monde. Un dinosaure électrifié, mais pas domestiqué. Un monstre civilisé juste ce qu’il faut pour éviter l’extinction.

En résumé :

  • Le Land Cruiser 2025 adopte un système micro-hybride 48 V, combiné au diesel 2.8 L.

  • Les capacités tout-terrain sont conservées, avec quelques améliorations de confort.

  • Cette version hybride ne suffit pas à éviter le malus écologique maximal en France.

  • Toyota cible une clientèle de niche, hors des sentiers battus et des calculs CO₂.

  • Ce modèle pourrait bien être le dernier vrai baroudeur thermique d’envergure.

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