Volvo abandonne l’électrique… et relance son SUV culte en douce
L’électrique, c’était pour hier
Pendant qu’on nous serinait à coups de spots publicitaires qu’en 2030, tout le monde roulerait en voiture électrique, Volvo y allait franco. « Full electric or die », disait presque le constructeur suédois. L’avenir était propre, silencieux, et totalement branché. Sauf que voilà : les carnets de commandes sont restés aussi vides que les batteries sur l’autoroute A7 en août. Résultat, chez Volvo, on a sorti la calculette et revu les ambitions.
La sentence est tombée comme une averse de grêle sur un capot tout neuf : l’objectif du 100 % électrique est abandonné. Désormais, on vise une électrification « entre 90 et 100 % ». Comprenez par là que les thermiques ont encore droit de cité… à condition qu’ils soient un peu électrifiés, ou qu’ils fassent semblant.
Pourquoi ce revirement ? Parce que l’infrastructure suit le rythme d’un escargot sous Lexomil, que les taxes douanières sur les batteries chinoises gonflent les prix, et surtout… parce que les clients, eux, n’ont pas tous sauté le pas. Alors on garde les hybrides rechargeables dans la gamme, avec un clin d’œil discret aux mild-hybrids, ces voitures qui électrifient à peu près autant qu’un grille-pain.
XC90 : le roi revient… mais pas en EX
Pendant que tout le monde avait les yeux rivés sur le flambant neuf EX90, vitrine 100 % électrique du futur radieux promis par Volvo, un vieux briscard refait surface. Le XC90 thermique, ce bon gros SUV familial, est encore là, restylé, boosté, et prêt à jouer les prolongations.
On pourrait croire à un aveu d’échec, mais non : Volvo appelle ça du réalisme. Le XC90, surtout dans sa version T8 hybride rechargeable (18,8 kWh tout de même), reste un produit phare. Son autonomie électrique est suffisante pour faire le trajet maison-école-boulangerie sans réveiller le 4-cylindres. Et quand le moteur thermique se met en marche, eh bien, au moins on sait qu’on n’aura pas besoin de chercher une borne en rase campagne.
Pas de grand discours, pas de révolution, juste une bonne vieille stratégie de terrain : on donne au client ce qu’il veut. Et manifestement, ce que veut le client, ce n’est pas encore de brancher sa voiture tous les soirs comme un smartphone. C’est d’avoir le choix, surtout quand il met 90 000 € dans un SUV.
L’art de faire du neuf sans faire de vagues
Restyler un SUV iconique comme le XC90, c’est comme essayer de changer la recette des pâtes carbo : il faut toucher juste, sinon ça crie dans les chaumières. Volvo l’a bien compris et a opté pour une opération camouflage à la suédoise : discrète, précise et surtout, efficace sans révolution.
À l’extérieur, le restylage se voit surtout si on a l’œil aiguisé : calandre revue, quelques retouches aux optiques, et une silhouette toujours aussi équilibrée. Le XC90 n’a pas besoin d’en faire trop. C’est l’élégance tranquille, celle qui dit : « Je suis là depuis 2015, je ne me démode pas, je m’upgrade. »
À l’intérieur, la cure de jouvence est plus perceptible. Un nouvel écran tactile de 11,2 pouces trône au centre, les matériaux sont plus durables, les finitions montent d’un cran et l’ambiance sonore est aussi douce qu’un concert de flûte dans une forêt scandinave. On est bien, c’est feutré, c’est propre — un cocon pour croquer des kilomètres sans stress.
Et le plaisir de conduite ? Il a suivi le même traitement : pas de brutalité, juste de la fluidité. Un SUV pour ceux qui préfèrent avaler les bornes que faire des drifts dans un rond-point.
Ce que Volvo prépare en douce
Derrière ce XC90 restylé, il y a une manœuvre bien huilée : faire durer l’existant pour traverser la tempête électrique. Les infrastructures de recharge sont toujours aussi erratiques, les clients ne sont pas prêts à se marier avec un câble, et Volvo n’a pas envie de se tirer une balle dans le pied.
Alors, on ménage la chèvre et le chou : le 100 % électrique reste l’objectif à long terme, mais le thermique électrifié devient le plan B officiel. Et ça tombe bien, car en parallèle du XC90, Volvo peut continuer de dérouler sa gamme EX, tout en capitalisant sur la rentabilité de ses modèles existants.
Cette stratégie est simple : rester désirable sans devenir impraticable. Parce que si les clients veulent encore du thermique, ils auront du thermique. Mais s’ils veulent se donner bonne conscience avec un peu d’électrons, ils auront aussi leur dose. Le compromis suédois, en somme.
Résumé en 5 points
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Volvo abandonne son objectif 100 % électrique pour 2030, et mise sur une gamme entre 90 et 100 % électrifiée.
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Le XC90 thermique restylé est relancé, notamment en version hybride rechargeable.
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Le design évolue discrètement mais efficacement, avec un habitacle modernisé et plus durable.
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Volvo adopte une stratégie de transition pragmatique, en attendant que les conditions pour l’électrique soient réunies.
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La marque garde le cap vers l’électrification, mais sans brusquer ses clients… ni ses marges.
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