Le SUV électrique de Volkswagen est en solde : faut-il foncer ou fuir ?

Photo : Volkswagen
La chute des prix : opportunité ou piège ?
C’est officiel : le Volkswagen ID.4 s’effondre côté prix, comme une crème pâtissière oubliée au soleil. Le modèle ID.4 Pro, autrefois affiché autour de 52 000 €, tombe désormais à 39 990 €, hors bonus, hors options, hors illusions. Une chute de plus de 10 000 €, soit presque le prix d’une Dacia Spring. Les bras vous en tombent ? Attendez de lire la suite.
Derrière ce geste apparemment généreux se cache une réalité bien plus crue : les stocks débordent. Les concessions, notamment en France, croulent sous les ID.4 en attente de preneur. Alors Volkswagen a dégainé la solution la plus simple du manuel : brader.
Mais ne vous emballez pas trop vite. Cette offre ne concerne que les véhicules en stock. Vous voulez choisir votre couleur, vos jantes ou même simplement ajouter un pack de batteries plus musclé ? Alors hop, retour au tarif de base d’origine. C’est un peu comme acheter une pizza en promo, mais seulement si vous la prenez froide, sans fromage, et que vous repartez à pied.
Et là où ça devient croustillant, c’est qu’en plus du prix cassé, Volkswagen inclut temporairement une pompe à chaleur — option autrefois facturée plus de 1000 € — pour doper un peu l’attrait hivernal de l’engin. De quoi relancer la machine ? Peut-être. Mais tout cela a un goût d’urgence.
Demande en berne et conséquences industrielles
Ce n’est pas juste une opération marketing de rentrée : la maison brûle. Aux États-Unis, dans l’usine de Chattanooga (Tennessee), la production de l’ID.4 a été drastiquement ralentie. La faute ? Une demande anémique, qui ne justifie même plus de faire tourner la ligne à plein régime.
On parle d’un modèle qui devait porter le renouveau électrique de la marque. À la place, il devient l’enfant embarrassant du catalogue, qu’on tente de glisser sous le tapis en priant pour que personne ne demande de ses nouvelles.
Et c’est là que la stratégie de Volkswagen s’effiloche : trop cher, pas assez iconique, et surtout coincé entre deux mondes. L’ID.4 n’a ni le prestige d’un SUV électrique premium, ni le prix d’un modèle populaire. Résultat : il végète.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Même en France, où les aides fiscales sont généreuses, l’ID.4 peine à s’imposer face aux Tesla Model Y et consorts, plus sexy, plus dynamiques, mieux perçues. Il fallait donc frapper fort. Et vite.
Les compromis à connaître
Vous pensez repartir avec une ID.4 flambant neuve pour le prix d’un T-Roc diesel d’occasion ? C’est possible. Mais attention, ce n’est pas la fête du slip technologique non plus.
Pour commencer, la version à 39 990 € est certes bien équipée, mais pas irréprochable. Si vous espériez une autonomie capable de rivaliser avec les meilleurs, revoyez vos exigences. L’ID.4 Pro affiche une autonomie théorique d’environ 550 km WLTP — dans la vraie vie, comptez 450 km en été, 350 l’hiver, et beaucoup moins si vous avez le pied lourd ou une passion pour la clim.
Ensuite, parlons recharge. C’est pas un foudre de guerre, même si ça s’est amélioré. Le modèle accepte jusqu’à 135 kW en pic, ce qui est correct, mais loin des 250 kW d’une Tesla Model Y ou des 800 V de chez Hyundai/Kia. Résultat : vous poireauterez un peu plus longtemps sur l’aire d’autoroute, et ça, c’est si vous trouvez une borne compatible.
Autre point de friction : le logiciel maison de Volkswagen, souvent comparé à un grille-pain qui aurait découvert les joies de la mise à jour OTA. Moins bugué qu’avant, certes, mais toujours en retrait face à la fluidité d’un écosystème Tesla.
Enfin, il faut parler du réseau. Acheter une électrique aujourd’hui, c’est aussi acheter un écosystème de recharge, de SAV, d’interfaces intelligentes. Et sur ce terrain, VW fait de son mieux, mais on est encore loin d’un Apple Store de l’automobile. C’est plutôt une FNAC des années 2000 : on trouve de tout, mais il faut demander au vendeur.
Quel avenir pour l’ID.4 ?
Le vrai sujet, c’est celui-ci : que va devenir ce modèle ? Car à force de promo, de réduction, de repositionnement, l’ID.4 commence à ressembler à ce collègue un peu paumé qui enchaîne les formations sans jamais trouver sa voie.
Volkswagen a les moyens de ses ambitions, certes. Mais le marché évolue plus vite que la marque allemande. Entre les Chinois ultra-compétitifs, Tesla qui continue d’enfoncer le clou, et les coréens qui alignent les innovations comme des perles, l’ID.4 risque fort de se faire oublier dans le flot.
Trois scénarios se dessinent :
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Soit VW pousse à fond sur les mises à jour, les partenariats avec les réseaux de recharge, et revalorise le modèle via des versions plus affûtées.
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Soit la marque recentre son offre électrique sur des segments plus accessibles, avec l’arrivée de l’ID.2 et compagnie.
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Soit, plus radicalement, l’ID.4 devient un modèle de transition, voué à s’éclipser une fois son rôle de « cobaye électrique » rempli.
Quoi qu’il en soit, ce qui est clair, c’est que l’ID.4 ne peut plus se contenter d’être « un SUV électrique de plus ». Il doit devenir indispensable, ou se taire.
Ce qu’il faut retenir
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Le prix du Volkswagen ID.4 chute drastiquement, avec une remise de plus de 10 000 € sur certains modèles en stock.
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Cette baisse cache une demande en berne, notamment aux États-Unis où la production a été ralentie.
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Les versions soldées ont leurs limites, notamment côté recharge, logiciel, et autonomie réelle.
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Volkswagen cherche encore la bonne formule pour faire exister l’ID.4 face à Tesla, Hyundai ou les marques chinoises.
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L’avenir du modèle est incertain, entre repositionnement stratégique et rôle de transition vers une gamme plus efficace.
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