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L’industrie auto européenne face à un tournant décisif : Renault et Stellantis sonnent l’alarme


L’appel pressant de Stellantis et Renault à Bruxelles

C’est un cri d’alerte coordonné que lancent Luca de Meo (Renault) et John Elkann (Stellantis) à destination des institutions européennes. Les deux dirigeants dénoncent une accumulation excessive de normes et de règlements qui freine la compétitivité des constructeurs du Vieux Continent.

Face à la montée en puissance de la Chine et des États-Unis dans le domaine de la voiture électrique, ils demandent à l’Union européenne de revoir sa stratégie industrielle et réglementaire. Ils plaident pour une simplification des règles, une vision plus pragmatique et un rythme d’adaptation cohérent avec les capacités réelles du secteur.

John Elkann souligne les effets pervers d’une réglementation trop morcelée : « Aujourd’hui, il doit y avoir au moins cinq directions générales qui s’occupent d’automobile, et parfois elles ont des stratégies contradictoires. » Il illustre cette confusion en soulignant l’incohérence entre les objectifs écologiques et industriels : « Quand l’une exige la suppression des Pfas, l’autre nous demande des batteries. Or, il n’y a pas de batteries sans Pfas. »

Le drapeau Européen avec les logos de Renault et Stellantis

Une industrie européenne en perte de vitesse

Les signaux d’alerte se multiplient dans l’ensemble du secteur. Les constructeurs constatent un recul marqué de la production, une hausse significative des coûts et une demande moins dynamique qu’attendue pour les véhicules électriques. Ce contexte pèse sur les marges, l’emploi, et les investissements futurs.

D’après Luca de Meo, « Au rythme actuel, le marché pourrait être plus que divisé par deux en l’espace d’une décennie. » En 2023, les ventes de voitures ont chuté à 9,5 millions d’unités, contre 13 millions en 2019. Et le patron de Renault d’ajouter : « Les règles européennes font que nos voitures sont toujours plus complexes, toujours plus lourdes, toujours plus chères, et que les gens ne peuvent tout simplement plus se les payer. »

Il insiste : « Entre 2015 et 2030, le coût d’une Clio aura augmenté de 40 %. Cette augmentation est à 92,5 % attribuable à la réglementation. »

Les contraintes environnementales dans le viseur

L’une des principales critiques porte sur la lourdeur des normes environnementales européennes. Si la transition écologique est incontournable, les dirigeants pointent une cadence excessive et un manque de réalisme économique.

De Meo s’élève notamment contre des réglementations conçues pour des voitures haut de gamme, inadaptées aux petits modèles : « Ce n’est pas possible de traiter une voiture de 3,80 mètres comme une voiture de 5,5 mètres ! » Il poursuit : « Ma R5 doit réagir comme une berline haut de gamme dont le capot est trois fois plus long lors d’un choc frontal. Je suis censé faire un capot en tungstène ? »

Il propose une solution inspirée du Japon : « Le concept des “kei cars” doit servir de modèle. Une petite voiture a un impact environnemental inférieur de 75 %. Elle peut être vendue 50 % moins cher qu’un modèle de milieu de gamme. »

Une kei car

Quels scénarios pour l’avenir du secteur automobile en Europe ?

Luca de Meo résume le fossé croissant entre les politiques publiques et les réalités de marché : « Le marché n’achète pas ce que l’Europe veut que nous lui vendions. » Il juge incohérente la stratégie d’électrification, notamment sur les utilitaires : « En version électrique, la batterie “mange” une grosse part de la charge utile ! C’est absurde. »

Le président de Stellantis ajoute : « Le saut entre la norme Euro3 et la norme Euro6 a fait plus pour le climat que celui d’Euro6 à la voiture électrique. »

Tous deux plaident pour une renaissance de la voiture populaire, simple, abordable, fabriquée en Europe. John Elkann insiste : « Ces voitures sont produites en France, Italie et Espagne, qui sont aussi les pays les plus concernés. Ensemble, ils pèsent plus que l’Allemagne. »

Malgré les difficultés, les deux patrons gardent un certain espoir : « S’il y a une mobilisation autour d’un choix politique clair, nous pourrons continuer à produire en Europe, y compris en Europe de l’Ouest. »


En résumé, à retenir :

  • Renault et Stellantis dénoncent des réglementations européennes trop lourdes, jugées contre-productives.
  • Le coût des véhicules a explosé, rendant les voitures populaires inaccessibles à une large part de la population.
  • Le marché automobile européen pourrait être divisé par deux d’ici 2035.
  • Les dirigeants plaident pour une réglementation différenciée et plus cohérente.
  • Ils proposent de relancer la voiture abordable et écologique, à l’image des « kei cars » japonais.

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