L’industrie auto européenne face à un tournant décisif : Renault et Stellantis sonnent l’alarme
L’appel pressant de Stellantis et Renault à Bruxelles
Imaginez deux patrons de géants automobiles, l’un assis dans son bureau à bouillir contre des règlements kafkaïens, l’autre probablement en train de jeter des dossiers par la fenêtre. Eh bien, ça y est : Luca de Meo (Renault) et John Elkann (Stellantis) ont officiellement craqué. Direction Bruxelles, où ils lancent un cri du cœur aussi bruyant qu’un V8 dans une ruelle piétonne.
Le message est clair : les normes et règlements pondus à tour de bras par l’Union européenne sont devenus un joyeux foutoir, et c’est l’industrie auto qui en fait les frais. Résultat ? Les constructeurs du Vieux Continent sont à la traîne pendant que la Chine et les États-Unis, eux, foncent pied au plancher sur la voie de l’électrique.
Nos deux patrons exigent donc une refonte sérieuse du manuel de l’élève modèle européen : moins de bureaucratie, plus de bon sens, et une vision qui colle à la réalité du terrain. Oui, produire une voiture ne se résume pas à cocher des cases Excel à Bruxelles.
John Elkann, visiblement agacé par l’empilement de couches réglementaires, ne mâche pas ses mots :
« Aujourd’hui, il doit y avoir au moins cinq directions générales qui s’occupent d’automobile, et parfois elles ont des stratégies contradictoires. »
Autrement dit : tout le monde commande le navire, mais personne ne sait dans quelle direction il va. Il enchaîne avec un exemple aussi édifiant qu’absurde :
« Quand l’une exige la suppression des Pfas, l’autre nous demande des batteries. Or, il n’y a pas de batteries sans Pfas. »
Voilà. L’Europe exige des voitures électriques… sans composants de voiture électrique.
Une industrie européenne en perte de vitesse
On pourrait croire que l’industrie automobile européenne fonce vers l’avenir en klaxonnant de joie. Mais non. Elle roule au ralenti, tous clignotants allumés, en espérant ne pas caler avant le prochain rond-point réglementaire.
Les signaux sont au rouge partout : la production recule, les coûts explosent, et la demande pour les voitures électriques pourtant censées être l’avenir reste aussi tiède qu’un café oublié. Pour les constructeurs, c’est la douche froide. Et pas celle qui réveille, non, celle qui vous fait dire : « Pourquoi j’ai quitté mon lit, déjà ? »
Luca de Meo tire la sonnette d’alarme façon corne de brume :
« Au rythme actuel, le marché pourrait être plus que divisé par deux en l’espace d’une décennie. »
En clair, si rien ne bouge, il faudra bientôt deux fois plus d’efforts pour vendre deux fois moins de voitures. En 2023, les ventes ont chuté à 9,5 millions d’unités. C’était 13 millions en 2019. Faites le calcul, ça pique.
Et le patron de Renault d’enfoncer le clou, chiffres à l’appui :
« Les règles européennes font que nos voitures sont toujours plus complexes, toujours plus lourdes, toujours plus chères, et que les gens ne peuvent tout simplement plus se les payer. »
Traduction : on vous fabrique des bijoux technologiques, mais à force de vouloir en faire des fusées sur roues, personne ne peut se les offrir.
Il martèle un constat implacable :
« Entre 2015 et 2030, le coût d’une Clio aura augmenté de 40 %. Cette augmentation est à 92,5 % attribuable à la réglementation. »
Alors si vous vous demandez pourquoi votre future citadine coûte plus qu’un SUV il y a dix ans, vous avez la réponse.
Les contraintes environnementales dans le viseur
Ah, l’environnement. Impossible de nier son importance, bien sûr. Mais pour les constructeurs européens, la manière dont Bruxelles veut sauver la planète ressemble à une recette de cuisine où l’on aurait confondu le sel avec la dynamite.
C’est là que le ton change. Car s’il y a bien une chose qui fait bondir Luca de Meo, c’est la logique tordue derrière certaines normes vertes. Il le dit sans détour : le rythme imposé est intenable, et surtout, complètement déconnecté de la réalité économique. Résultat ? Des voitures conçues pour satisfaire un cahier des charges de science-fiction… pas pour rouler sur nos routes.
Et il le dit avec un agacement palpable :
« Ce n’est pas possible de traiter une voiture de 3,80 mètres comme une voiture de 5,5 mètres ! »
En d’autres termes, il faut arrêter de faire comme si une citadine devait encaisser un crash frontal comme une berline de luxe blindée. C’est ridicule, c’est coûteux, et c’est tout sauf écologique.
Il enchaîne d’ailleurs sur une sortie aussi frappante que son image :
« Ma R5 doit réagir comme une berline haut de gamme dont le capot est trois fois plus long lors d’un choc frontal. Je suis censé faire un capot en tungstène ? »
Voilà. On y est. Le surréalisme réglementaire en pleine action.
Mais au lieu de se contenter de râler, de Meo propose une idée : s’inspirer du Japon, et notamment des fameuses kei cars. Des mini-voitures pratiques, économiques et parfaitement adaptées à la ville. Il insiste :
« Le concept des “kei cars” doit servir de modèle. Une petite voiture a un impact environnemental inférieur de 75 %. Elle peut être vendue 50 % moins cher qu’un modèle de milieu de gamme. »
En clair : arrêtons de rêver à des voitures écolo-chics hors de prix, et revenons à des véhicules malins, efficaces, et que les gens peuvent réellement acheter. Radical ? Peut-être. Mais aussi, incroyablement logique.
Quels scénarios pour l’avenir du secteur automobile en Europe ?
Voici venu le moment où l’on regarde vers l’avenir, le regard inquiet, les mains dans les poches, à se demander si on aura encore une voiture européenne à acheter dans dix ans. Et là encore, Luca de Meo ne mâche pas ses mots :
« Le marché n’achète pas ce que l’Europe veut que nous lui vendions. »
Une phrase qui résume à merveille l’absurde décalage entre la politique et le réel. Bruxelles rêve d’un futur électrifié, mais les consommateurs, eux, ne suivent pas le scénario.
Et quand on parle d’utilitaires, la situation devient franchement comique. De Meo s’énerve à juste titre :
« En version électrique, la batterie “mange” une grosse part de la charge utile ! C’est absurde. »
Traduction : on vous vend une camionnette électrique qui ne peut rien transporter. Pratique, non ?
John Elkann, lui, remonte dans le temps pour comparer les avancées environnementales :
« Le saut entre la norme Euro3 et la norme Euro6 a fait plus pour le climat que celui d’Euro6 à la voiture électrique. »
Ce n’est pas un plaidoyer anti-électrique, mais un rappel que l’efficacité ne se résume pas à coller une prise sur toutes les voitures.
Alors, que faire ? Réponse : relancer la voiture populaire, celle qu’on peut acheter sans vendre un rein, celle qui roule sans se prendre pour une station météo connectée. Elkann le martèle :
« Ces voitures sont produites en France, Italie et Espagne, qui sont aussi les pays les plus concernés. Ensemble, ils pèsent plus que l’Allemagne. »
Ce n’est pas un détail : c’est une réalité géopolitique que Bruxelles ferait bien de noter au feutre indélébile.
Malgré tout, un peu d’espoir subsiste. Et pas juste celui qu’on trouve dans les slogans. Les deux patrons y croient encore :
« S’il y a une mobilisation autour d’un choix politique clair, nous pourrons continuer à produire en Europe, y compris en Europe de l’Ouest. »
Voilà : il ne manque pas la volonté, mais bien le cap.
En résumé, à retenir :
- Renault et Stellantis en ont ras le pare-chocs des normes européennes qu’ils jugent absurdes et contre-productives.
- Les voitures coûtent de plus en plus cher, non pas à cause du cuir ou des gadgets… mais à cause des règlements.
- Si rien ne bouge, le marché auto européen pourrait ressembler à un parking désert d’ici 2035.
- Les dirigeants réclament une réglementation plus cohérente, plus intelligente, et surtout, plus en phase avec la réalité du terrain.
- Ils proposent une vraie piste : des voitures petites, abordables et malines, comme les “kei cars” japonais. En gros, des voitures faites pour les gens — pas pour les PowerPoint de commissaires européens.
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